Mai 2014, nous sommes en Ethiopie. Nous avions quelques missions à accomplir mais voulions aussi mieux connaître le pays. Nous sommes quatre, avec mon épouse, notre fils d’origine éthiopienne et son amie. Nous avons 7 jours pour visiter les principaux lieux historiques d’Abyssinie. Amanuel, notre guide, que nous connaissons depuis longtemps, nous prend en charge à Bahir Dar, la grande ville du Nord, au bord du lac Tana.
Nous visiterons ainsi Gondar, Axoum, Lalibela et le lac Tana. Mais nous découvrons, au long des longues journées de minibus, des payages à couper le souffle mais aussi une réalité humaine que l’on imagine guère dans notre riche Europe. Voici en image quelques-uns de ces souvenirs les plus marquants. Je n’ai pas d’autre prétention que de dire ce que nous avons vécu comme je le ferais avec des amis.
Gondar a été mon coup de coeur, avec ses paysages montagneux et verdoyants, ses châteaux construits par les rois au 17ème siècle, dont il reste encore de très beaux vestiges. Nous sommes à 2 200 m d’altitude. Il fait frais et on a du mal à se croire en Afrique !
Les bains de Fasilades (empereur). Le bassin est rempli une fois pas an pour la fête de l’Epiphanie (Timket), le 19 janvier, et rappelle le baptême de Jésus dans le Jourdain. Les fidèles s’y baignent pour s’y faire purifier.
Autour, il y a de magnifiques sycomores (voir photo en tête d’article). En voyant ces arbres, on comprend bien mieux comment Zachée a pu monter sur un Sycomore pour voir Jésus ! A vrai dire, quand on voit tant de monde sur les chemins, on se dit que ce que n’est probablement pas si différent de ce qu’a vu le Christ en son temps. Car une constante de nos pérégrinations, c’est le nombre de personnes qui se déplacent sur le bord des routes, parfois dans un grand dénuement. Par respect, je n’ai pas pris de photo.
Aller de Gondar à Axoum est une longue étape qui a pris une pleine journée. Une grande partie n’est encore qu’une piste, de plus en zone montagneuse. Le car doit croiser le camion, mais la piste n’est pas assez large. Tout le monde descend. On guide les chauffeurs. On crie beaucoup et ça finit par passer. Plus loin, il y a des travaux pour faire une vrai route. On est dans une zone très montagneuse et aussi très isolée. Les travaux se font donc comme autrefois dans les Alpes : murs et parapets de maçonnerie avec tailleurs de pierres. Des camions citernes vont dans le fond de la vallée pour y pomper de l’eau pour le mortier. Seul le ciment doit être amené sur place. Conduire en Ethiopie est un exercice assez particulier et le code de la route sans grande utilité. Il y a toujours du monde et des animaux sur la chaussée, mais il n’y a un carrefour que tous les 200 km !
Pour aller dans le Nord de l’Ethiopie, vers Axoum, il n’y a que deux routes, celle de l’Ouest, prise à l’aller, et celle de l’Est, dans le Tigray, prise au retour. Elles sont qualifiées de “highway” sur la carte routière du pays. Amanuel me précise qu’il y a une troisième route, encore plus à l’Ouest, mais avec 100 km de plus.
Axoum est un lieu historique majeur de l’ancienne Abyssinie. Le royaume d’Axoum s’est développé à partir du 4ème siècle avant Jésus-Christ. Au 4ème siècle après Jésus-Christ, le roi s’est converti au christianisme. Aujourd’hui, Axoum n’est plus qu’une petite ville, mais un lieu important de l’église orthodoxe éthiopienne. Il reste des vestiges très anciens, en particulier des obélisques.Celui que l’on voit au premier plan est tombé, mais Amanuel nous explique qu’on ne sait pas quand il est tombé et que certains émettent l’hypothèse qu’il n’ai jamais été debout.
Notre guide Amanuel nous a emmenés sur les hauteurs de la ville, voir des tombeaux anciens avec les premières croix chrétiennes sculptées dans la pierre. Comme d’habitude, il fait preuve d’une grande érudition et je ne vais surtout pas essayer de vous en faire un résumé. Le temps de cette visite, un groupe d’ouvriers a tout simplement fait un gros trou au milieu de l’unique route. Après palabre, rebouchage et quelques efforts, on a réussi à faire passer le minibus de l’autre côté.
Un peu après, une caravane de chameaux passe, transportant du sel et conduite par des enfants. Pour combien d’années encore ?
Ensuite route vers l’Est. Arrêt déjeuner à Adigrat, puis nuit à Mekele, capitale du Tigray. En arrivant à Mekele, sur les hauteurs, on voit le grand champ d’éoliennes construites par l’entreprise française Vergnet.
Le lendemain, le paysage devient horizontal. On longe, à quelque distance, le désert Danakil, réputé pour être un des endroits les plus chauds au monde. Pourtant le temps est gris et il y a un crachin breton, et même une forte pluie plus au Sud. Toujours du bétail sur la route, conduit par des enfants, ceux nombreux qui ne sont pas scolarisés.
Longue route encore. Paysage alpin et frais, à près de 3000 m d’altitude. Le soir, nous arrivons à Lalibela par la piste du Sud.
On ne présente pas Lalibela, avec ses onze églises taillées directement dans la roche au 12ème siècle, inscrites au patrimoine mondial. Mais aucune photo ou vidéo ne m’avait fait comprendre cet espace en trois dimensions : nous sommes en montagne à 2 600 m d’altitude.
Pour construire une église, il faut creuser une tranchée tout autour. Le “toit” est en effet au niveau du sol. Cela devait éviter que les “infidèles” ne découvrent ces églises. Ensuite on creuse des fenêtres, qui donnent un accès à l’intérieur qui va être creusé à son tour. On ne sait pas très bien quels outils étaient utilisés, mais sûrement des centaines d’ouvriers-sculpteurs.
Pas question de creuser n’importe comment. Il y a des arcs et des colonnes car il faut bien que le “toit”, toujours monolithique, ne s’effondre. Il n’y a donc aucun joint. L’église n’est qu’une seule pierre, avec toutefois des fissures naturelles qui apparaissent par endroit.
Pour passer d’une église à l’autre, il ya des tranchées, des tunnels, des ponts, des portes horizontales… Inutile de dire qu’après une heure de visite, on est complètement désorienté.
Disneyland pourrait y trouver une bonne source d’inspiration, mais on en va pas leur dire !
L’église Abba Libanos est scuptée dans la parois de la montagne. La partie droite n’est pas monlithe, mais je n’ai pas réussi à savoir si c’est d’origine ou s’il s’agit d’une “réparation”.
L’église Saint Georges, la plus connue, en contrebas des autres. Le toit est sculpté alors que pour d’autres il a gardé sa surface naturelle. La plupart des églises ont été recouvertes d’un toit léger pour les protéger des ravages dus aux infiltrations d’eau de pluie. C’est bien, mais nuit bien sûr à la beauté du site. Le toit de Saint Georges est mieux conçu, car on a prévu des drains.
Les églises de Lalibela sont au milieu du village. De nombreuses habitations traditionnelles, rondes, en pierre et avec toit de chaume sont autour. A proximité, des hôtels accueillent les visiteurs. Le village s’est aggrandi avec des habitations plus modernes, murs en bois d’encalyptus et pisé, toit de tôle ondulée, pour loger la population locale qui vit surtout du tourisme. On voit ici quelques habitations, mais le village est plutôt dans le dos du photographe.
Petite pose lors du retour vers Bahir-Dar. Il ya toujours du monde sur les routes d’Ethiopie, même dans des endroits qui semblent inhabités. Petit problème pour les dames qui aimeraient un endroit isolé…
Retour à Bahir Dar, capitale de l’état régional Amhara. On a beau être en ville, le bétail est toujours là, dans les rues. La ville est au bord du Lac Tana, quatrième lac d’Afrique à ce que je crois. On est plus qu’à 1840 m d’altitude et ça se sent. Il fait nettement plus chaud que sur les hauts plateaux.
Les embarcations traditionnelles sont en papyrus. Elles servent à la pêche comme au transport pour accéder aux iles. Leur durée de vie est courte, quelques mois, et on les fait sécher à la verticale entre deux utilisations. Mais leur construction est rapide et se prolonge aujourd’hui, même s’il y a des embarcations plus modernes, en tôle avec moteur hors-bord.
Le lac Tana, alimenté par les montagnes environnantes, constitue la source du Nil bleu. Nous sommes ici à l’embouchure, habitée par des pélicans. C’est une embouchure “à l’envers”. Ce n’est pas le fleuve qui se jette dans le lac, mais le lac qui alimente le fleuve.
Les églises Ethiopiennes présentent de nombreuses fresques rappelant tel fait de l’histoire chrétienne. Amanuel a toujours été en mesure de nous expliquer qui sont les personnages, quel fait de leur histoire est représenté. Ici, il s’agit d’une église sur une presqu’ile du lac Tana où nous nous sommes rendu en bateau à partir de Bahir-Dar.
François Vivier
Beau texte concis et belles photos ! Merci pour Amanuel…
Un grand merci pour cet article très clair !! Belle journée
Votre article, très bien fait, nous a motivés pour aller voir toutes ces beautés !!
Nous sommes un couple et partons visiter l’Ethiopie en Mars prochain. Nous organisons par nous même notre voyage et prenons sur place les véhicules et guides nécessaires. Pour cela, nous serions très intéressés de pouvoir prendre votre guide Amanuel qui pourrait également nous fournir un véhicule type minibus. Pourriez vous nous donner ses coordonnées.
D’avance merci.